jeudi, janvier 11, 2018

"Légende d’un dormeur éveillé" de Gaëlle Nohant (France)

« Le dormeur éveillé », c’est Robert Desnos, c’est ainsi que le nommait André Breton. Gaëlle Nohant dans ce gros roman de 520 pages nous raconte sa vie, son parcours, sa fin tragique et, à travers lui, ressuscite toute une époque, une époque riche, passionnante et douloureuse, des années folles à la fin de la deuxième guerre mondiale. C’est toute la vie littéraire et politique, de 1928 à 1945, qui défile sous nos yeux, toute une génération d’artistes, d’écrivains, de peintres que nous connaissons et qui deviennent les acteurs de cette « légende ». Ce livre, nous dit l’auteure, est né de sa passion pour l’œuvre de Robert Desnos et est le fruit d’un long travail de recherches qui lui a pris plus de deux ans. Tout ce qu’elle dit est intéressant, tout semble exact et des extraits de poèmes de Desnos ponctuent son récit pour rendre la présence du poète plus évidente.

Que 2018 soit aussi passionnante que les années passées !

Les Collecteurs vous souhaitent leurs meilleurs vœux pour 2018 et vous font partager leur album souvenirs !

 

mercredi, décembre 06, 2017

"Le corps des ruines", de Juan Gabriel Vasquez (Colombie)

Juan Gabriel Vasquez a dû lire « Si par une nuit d’hiver un voyageur » de Italo Calvino.
Ou bien, s’il ne l’a pas lu, il s’est intéressé aux récits enchâssés.
Car sinon pourquoi embarquer le lecteur sur des chemins de traverse, abandonner le narrateur à ses angoisses de paternité, au moment de la naissance de ses deux jumelles prématurées, délaisser le sympathique Docteur Benavides, retrouvé justement au moment de l’accouchement, et interrompre même le premier récit historique pour un autre récit historique plutôt fumeux, et y consacrer plus d’une centaine de pages de ce « Corps des ruines » ?

Tout commence en effet par le retour du narrateur dans son pays natal, la Colombie, et par une interrogation concernant le « récit national » officiel enseigné dans les écoles.

Et si le brillant Jorge Eliecer Gaitan n’avait pas été assassiné le 09 Avril 1948 ? Etait-ce vraiment l’affaire d’un seul homme, lynché peu après ? Ou bien la mystérieuse vertèbre datant de son autopsie révélerait-elle un autre meurtrier ?

samedi, novembre 25, 2017

"Les yeux dans les arbres", de Barbara Kingsolver (États-Unis)

J'ai trouvé ce roman passionnant.
On y traverse l'histoire du Congo (Belge) depuis 1959 et son évolution politique, de l'indépendance et du mirage de démocratie effleuré lors de l'élection de Lumumba à la tête de la république démocratique du Congo, à la dictature de Mobutu, le collectionneur de palais qui a saigné le Zaïre de ses richesses naturelles pour financer son train de vie de tyran milliardaire, laissant son peuple exsangue et affamé.
Dans ce décor un pasteur baptiste américain fanatique s'installe avec femme et filles dans une mission désertée, résolu à sauver par le baptême ces êtres pour lui primitifs et promis à la damnation, qu'il ne cherche même pas à connaître.

Trois poètes danois, Ursula Andkjær Olsen, Morten Søndergaard et Naja Marie Aidt

Cette collection « trois poètes… » aux éditions du murmure permet de faire connaissance avec la poésie contemporaine en bilingue avec des traductions soignées et des auteurs particulièrement intéressants.

Dans « Trois poètes danois » sont présentes trois voix importantes et singulières parmi les poètes danois, traduites par Christine Berlioz et Laila Flink Thullesen.
Ursula Andkjær Olsen ouvre le livre avec des poèmes où il s’y révèle à la fois de l’audace et un peu de provocation. « je suis délicieuse » avec une construction un peu particulière comme si il y avait poésie orale avec adresse au lecteur et en même temps en bas de page un poème sur une ligne qui se poursuit sur toutes les pages qui suit son cours tel un cours d’eau vers la mer sujet de son recueil. Ce contraste entre un discours familier et accrocheur avec cette immensité marine si envoûtante du courant maritime rend une atmosphère très surprenante et dépaysante.

mercredi, novembre 22, 2017

Darío Jaramillo Agudelo, Prix national de poésie de Colombie 2017 pour "El cuerpo y otra cosa"



La rencontre que nous avons consacrée à Darío et à sa "Mécanique d'un homme heureux" (Ed. Yovana) vendredi dernier, s'est donc déroulée sur fond de remise de prix pour son écriture poétique ! Afin de vous permettre d'encore mieux faire connaissance avec cette œuvre, nous vous proposons ci-après un très bel article paru lundi dernier, le 13 novembre, sur le site de presse colombien El Tiempo.


samedi, novembre 18, 2017

"Dictionnaire amoureux de l'Amérique Latine", de Mario Vargas Llosa (Pérou, Espagne)


J'aime beaucoup la collection des dictionnaires amoureux des Editions Plon. Celui consacré à l'Amérique Latine a été écrit par Mario Vargas Llosa, célèbre écrivain péruvien et espagnol.
Il est à lire dans son intégralité bien sûr, mais j'ai envie de vous en donner un petit aperçu à travers deux entrées : « Langue espagnole » et « Littérature ».
Pour vous mettre un peu l'eau à la bouche et peut-être pour vous inviter à la réflexion et à la discussion.
Rachel Mihault

samedi, octobre 28, 2017

Soirée "Darío Jaramillo" le 17 novembre 2017 au Gazette Café

Chers amis,
Nous vous invitons à nous retrouver pour la prochaine rencontre publique que nous organiserons, la première de la Saison 3 des Collecteurs !
Elle aura lieu le vendredi 17 novembre à 18h
au Gazette Café
6 rue Levat à Montpellier (tram station Gare)
et vous permettra de faire connaissance avec les Editions Yovana,

dimanche, octobre 08, 2017

« L’homme de miel » d’Olivier Martinelli (France)

Jeudi dernier, chez Sauramps, une rencontre était organisée avec Olivier Martinelli à l’occasion de la sortie de son nouveau livre paru chez Christophe Lucquin Éditeur. D’ordinaire, Olivier, fan de Salinger et de Fante, est un auteur de romans et de nouvelles. Là, c’est plutôt un petit ovni qu’il est venu nous offrir…

"Un privé à Tanger" d’Emmanuel Hocquard (France)

Toujours autant de plaisir à relire cet ensemble de texte qui font de la poésie un genre de la modernité, de la curiosité, de l’appréhension du vécu, de la vie avec toutes ses variantes et ses aspects déroutants ou familiers. Belle initiative d’avoir réimprimé en poche en point Seuil il y a trois ans ce livre mythique qui concilie les lectorats les plus divers des chercheurs d’histoires et des adeptes de l’érudition tout en étant face à une écriture généreuse et intime, face à la mémoire et à l’amitié et à la vie en poésie. Textes courts, de formes diverses, mêlant réflexion et mémoire, ce livre est un monument dans l’histoire poétique contemporaine. Il y a un indéniable style et art de conter les anecdotes aussi bien que le plus vital de l’existence. Un privé à Tanger est une enquête sur soi et la poésie et sur ce qui est le plus marquant dans une vie, des souvenirs à la construction d’une personnalité. Emmanuel Hocquard a par sa démarche eu une influence déterminante pour la poésie française notamment avec sa maison d’édition Orange Export LTD. Nombre de ses livres sont à conseiller, chez P.O. L., tel Ma Haie (2001).

"Sentiments au cœur" de Balla Ngom (France / Sénégal)

Le titre pourrait paraître naïf, mais pas du tout en fait, car ce que l’on reprochait à Ivan Bounine, poète et nouvelliste russe prix Nobel de littérature, c'était de s’attacher aux passions qui faisaient sens à toutes vies. Car rien n'est plus essentiel que notre vie intime si difficile à décrire et à exprimer.

Balla Ngom réussit une œuvre fort réussie, ne tombant pas dans la facilité, toujours en nuance et sous tension.

mercredi, octobre 04, 2017

"Abigaël" de Magda Szabó (Hongrie)

Très troublant roman de Magda Szabó écrit en 1970, publié en français à l’occasion du centenaire de la romancière.
Avec un style si particulier faisant contraster la vie Budapestoise avec la vie recluse de Matula, institution calviniste très rude. C’est ici l’art du secret, du courage, de la résistance, de la solidarité en cette période abominable de la deuxième guerre mondiale et du nazisme. Les vrais héros sont discrets, attentifs, prévoyants, imaginatifs et dans ces dures épreuves, des êtres justes veillent à la justice et à la sauvegarde des personnes.

lundi, septembre 25, 2017

"Après l’hiver" de Guadalupe Nettel (Mexique)

J’en ai parlé hier samedi, lors de la première réunion des Collecteurs saison 3 ! Je ne l’avais pas encore terminé, mais c’est désormais chose faite…
Alors, voilà ce qu’en dit l’éditeur :
"Claudio, exilé cubain de New York, a une seule passion : éviter les passions. Cecilia est une jeune Mexicaine mélancolique installée à Paris, vaguement étudiante, vaguement éprise de son voisin, mais complètement solitaire. Chapitre après chapitre, leurs voix singulières s’entremêlent et invitent le lecteur à les saisir dans tout ce qui fait leur être au monde : goûts, petites névroses, passé obsédant. Chacun d’eux traîne des deuils, des blessures, des ruptures. Lorsque le hasard les fait se rencontrer à Paris, nous attendons, haletants, de savoir si ces êtres de mots et de douleurs parviendront à s’aimer au-delà de leurs contradictions.

jeudi, septembre 21, 2017

"La distance qui nous sépare" de Renato Cisneros (Pérou)

4ème roman de ce jeune auteur péruvien de 41 ans, également journaliste et poète, qui vit à Madrid. C’est un livre qu’il portait en lui depuis une dizaine d’années et c’est sans doute la lecture, notamment, de « Lettre au père » de Kafka et de « L’invention de la solitude » de Paul Auster qui en ont été l’élément déclencheur.
Cette passionnante et douloureuse enquête est née de blessures intimes : la perte de son père alors qu’il n’avait que 18 ans. Un père qui voulait tout contrôler, façonner ses enfants à son image, qui entretenait deux familles, un père qui n’était pas n’importe quel père mais le tout puissant général Cisneros Vizquerra, « El Gaucho Cisneros ». Il lui fallait savoir qui était vraiment ce père, tenter de le comprendre pour pouvoir avancer.
P 232 : « je ne parviendrai jamais à résoudre le grand paradoxe que fut mon père, à me débarrasser de ce boulet dont le poids n’a cessé d’augmenter sur mes épaules jusqu’à les déformer »
Raconter l’histoire de cet homme c’est d’abord parler de ce jeune péruvien exilé avec sa famille à Buenos Aires dans les années 30, introverti, passionné par la danse et la musique, qui est envoyé à l’école militaire où il est le condisciple de Videla et d’autres futurs génocidaires.

"Le livre que je ne voulais pas écrire" d'Erwan Larher (France)

Il ne voulait pas l’écrire, ce livre mais il ne pouvait pas ne pas l’écrire. Et il nous arrive comme un coup de poing dans la figure qui vous laisse K.O. C’est que lui, Erwan Larher, fan de rock depuis toujours, était au Bataclan le 13 novembre 2015. Écrivain, auteur notamment de « Marguerite n’aime pas ses fesses » (2016) et de « L’abandon du mâle en milieu hostile » (2013) il a vécu ces heures d’enfer et en est sorti vivant, sérieusement blessé mais vivant. Poussé par ses amis qui lui disaient que son « devoir » était de témoigner, il a beaucoup hésité puis, sans doute parce que c’était une nécessité profonde, viscérale, il a fini par se dire qu’il ne pouvait se dérober.
Mais comment trouver le ton juste, sans tomber dans le larmoyant ou le voyeurisme (et pourtant…) Comment traduire ce qui est de l’ordre de l’indicible. Il dit qu’il court après ce livre, qu’il doit « le dompter. L’apprivoiser. » Et que « sans cesse il se dérobe. » En fait, il va « écrire autour » de ce drame, « Écrire parce que tu n’as pas le choix, porté par une force qui te dépasse ; autour parce que tu es romancier et non chroniqueur, parce que tu ne peux façonner un texte qu’en appétant faire littérature. Ni témoignage ni récit, donc. Inventer autre chose. Forme. Langue. »