dimanche, octobre 30, 2016

"The Night", de Rodrigo Blanco Calderon (Venezuela)


Tout commence avec une chanson du groupe Morphine, « The Night », à l’ambiance crépusculaire : « You’re the night Lilah, a little girl lost in the woods. You’re a folk tale, the unexplainable. You’re a bedroom story, the one that keeps the curtains closed ».(Tu es la nuit Lilah, une petite fille perdue dans les bois. Tu es un conte ancien, tu es l’inexplicable. Tu es un conte pour s’endormir le soir, celui qu’on raconte quand les rideaux sont tirés). Tout commence à Caracas en 2010 avec les coupures d’électricité décrétées par le gouvernement qui plongent la ville dans le noir et la transforment en un lieu étrange et inquiétant où l’on perd tout repère. Une jeune fille, Lila, (la Lilah de la chanson ?) a été assassinée. Un psychiatre, Miguel Ardiles, expert auprès des tribunaux, s’occupe de cette affaire. Mais il s’occupe également d’un écrivain en devenir, Mathias Rye et d’un publiciste amoureux des palindromes, Pedro Alamo. Ces trois personnages se retrouvent à l’atelier d’écriture qu’anime Mathias. Mathias qui veut en finir avec le réalisme magique et créer le réalisme gothique, un réalisme qui côtoie le fantastique et l’horreur, qui soit digne de Philip K. Dick et de James Ellroy. Mathias qui vient de commencer à écrire « La Nuit » !

mardi, octobre 25, 2016

"Le monde est mon langage", de Alain Mabanckou (France)


C’est parfois par son seul titre qu’un livre vous attire et suscite en vous le besoin impérieux de le lire. Bien-sûr on peut s’exposer ainsi à de cruelles désillusions mais quel bonheur quand le livre répond à votre attente ! C’est ce qui s’est passé avec « le monde est mon langage » d’Alain Mabanckou paru début septembre. Je dois avouer que je ne connaissais jusque là de cet écrivain chaleureux que son « look » résolument coloré et délibérément optimiste. Et je sais maintenant que ce « look » rayon de soleil est dû au « styliste congolais connu à Château-Rouge sous le nom de « Jocelyn le Bachelor »…. figure emblématique du milieu de la Sape, capable de convoquer Montesquieu et Lamartine entre deux essayages ». Au-delà de ce détail anecdotique, ce livre est un voyage, un voyage autour du monde et un voyage en littérature. C’est que son auteur, né à Pointe-Noire, au Congo, vivant en Californie et écrivant en français, est une sorte d’oiseau migrateur.

mardi, octobre 18, 2016

"Propagande" de Frigyes Karinthy (Hongrie)


Ce recueil de cinq textes atypiques publiés dans les années trente démonte la monstruosité des thèses fascistes et nazies et l’horreur de la folie de la haine qui s’abat sur l’Europe. D’une terrible actualité avec les phobies nationalistes et les rêves totalitaires qui sont de nouveau virulents. Lire Propagande nous alerte sur des possibles états racistes qui s’établiraient sournoisement si nous ne réagissions pas à temps pour faire échouer dans leur désir d’appliquer leur haine et intolérance à tout va des partis d’extrêmes droite qui renaissent et tentent de renouveler les bien insupportables expériences menées par Hitler et Mussolini.
Il faut faire face et ne pas craindre que le bruit de bottes mais aussi le silence des pantoufles. Car l’ennemi n’est pas le migrant ou l’émigré ou le communiste ou l’homosexuel… Mais bien celui qui exclue et qui est indéniablement destructeur.  
François Szabó 
Propagande, de Frigyes Karinthy, traduit du hongrois par Cécile A. Hodban, éd. La Part commune, 2016, 64 pages

"Katarina, le paon et le jésuite" de Drago Jančar (Slovénie)

Pour qui aime les romans où la quête des personnages principaux et aux tempéraments bien trempés sont moteurs. Ce roman est pour vous. Dans un dix-huitième siècle bien loin des lumières, dans l’Europe centrale méconnue à travers la Slovénie, la Bohème et la Bavière, l’on découvre Katarina partie de son village slovène à travers un pèlerinage vers Cologne et Aix la Chapelle. Entre cette femme et ses deux amours, entre deux pouvoirs, le sabre et le goupillon, nous retrouvons toute l’hypocrisie d’une société avec ses « vertus » et surtout ses peurs.
Le moyen âge n’est pas loin et l’émancipation des personnes n’est pas du tout d’actualité, fresque historique et intime « Katarina, le paon et le jésuite » est un plaidoyer pour une liberté qu’il faut toujours chérir, défendre et toujours réinventer car jamais acquise.
Un roman salvateur d’un romancier brillant et reconnu qui nous entraîne dans un voyage initiatique avec un grand message d’amour pour l’humanité.
François Szabó 
Katarina, le paon et le jésuite, de Drago Jancar, traduit du slovène par Antonia Bernard, Libretto, 2016, 564 pages



samedi, octobre 15, 2016

"El silencio de los pájaros" d’Horacio Cavallo (Uruguay)

Recueil de nouvelles d'Urugay ! Lecture recommandée par Antonio Borrell alias Antoine Barral, donc article publié également sur le blog Les Lettres de mon Trapiche !
Un jeune homme et son père reviennent au village en 2CV. Le voyage est l’occasion pour le jeune homme de faire réémerger plein de souvenirs...
Nelly, une couturière obèse travaille chez elle, vit dans une grande solitude, jusqu’au jour où elle se met à recevoir des lettres d’un mystérieux voisin qui se (sur?)nomme Botero…
Des musiciens en tournée, un aveugle, deux enfants sur son chemin…
Un grand-père emmène son petit fils à la plage, ils font une étrange pêche…

mardi, octobre 11, 2016

"Up in the old hotel and other stories" de Joseph Mitchell (USA)


These collected stories by Joseph Mitchell are the best way for us to try to understand the American myth, the American dream and disillusion. Life is a little crazy thing and Mitchell’s art is to make with words pictures of women and men like they live with all the strength and kindness for them.
Authors like Paul Auster, Henry Roth and Philipp Roth have, maybe not maybe yes, it depends, the same feeling about Big Apple but like him a huge imagination and art to make us wonder.
Mitchell works on short stories like an entomologist or like a surgeon, he cuts when it’s most efficient to cut, he tells us a sensational truth and lead us in the labyrinth near of the limits of madness or strange very strange world. It’s a cult book! And it’s more than interesting to read it, it’s a travel on the human consciousness and a goal of the life with at the end of the book Joe Gould’s secret we find truly like a Borges’ story!

"Ce qui nous sépare" d'Anne Collongues (France)

J'ai découvert le premier roman d'Anne Collongues, une jeune femme photographe de 30 ans. Paru chez Actes Sud en 2016.
Il s'agit d'une galerie de portraits de personnages qui ont en commun de tous se trouver, un soir d'hiver, dans le même RER.
Ce sont sept personnages ordinaires, trois femmes et quatre hommes, qui n'ont a priori pas grand-chose en commun si ce n'est le fait de se trouver au même moment dans un RER qui va de Paris vers la banlieue nord-ouest. Chacun-e se perd dans ses pensées et mène ses réflexions au rythme des mouvements du RER.
Ils semblent distants les uns des autres, chacun-e dans sa bulle :